Les autorités locales, des acteurs clés dans l'amélioration des conditions d'accès à l'assainissement en Afrique
Aujourd'hui au Burkina Faso, près de la moitié de la population (8,4 millions d'habitants) vit sans accès à l'eau potable et 14 millions d'habitants n'ont pas accès à des installations d'assainissement adéquates. Alors que l'urbanisation rapide de ce pays d'Afrique de l'Ouest exerce une pression supplémentaire sur des infrastructures passablement inadaptées, la menace des maladies liées au péril fécal ne cesse de croître et constitue un important défi pour le continent africain.
En Afrique, le manque d'accès à l'assainissement peut s'avérer fatal, comme l'a rappelé un article récemment publié dans The Guardian, relatant l'histoire de trois jeunes filles de Madagascar ayant tragiquement perdu la vie dû au manque d'assainissement. La mise en place d'un système d'assainissement adéquat permettrait dans chaque pays africain, non seulement de sauver des vies précieuses comme celles de ces jeunes filles, mais aussi d'alléger la pression sur les services de santé et de contribuer au développement économique à travers le continent.
Dans la recherche de solutions à ces problèmes d'assainissement, notamment en ce qui concerne la gestion efficace des boues de vidange, les autorités locales se sont imposées comme un élément de plus en plus important de l'équation du succès. Sans la coordination des efforts au niveau local, une gestion effective des services d'assainissement est tout simplement impossible. Il est clair que les municipalités locales doivent s'investir pour garantir l'accès à des services d'assainissement adéquats ainsi qu'à l'eau potable dans le but d'améliorer le taux accès à l'assainissement sur tout le continent.
Au Burkina Faso, où l'assainissement est une compétence transférée aux municipalités, la réussite de mise en oeuvre des projets d'assainissement repose entièrement sur l'engagement des collectivités territoriales. En raison d'un manque de coordination dans la planification et la gestion de l'assainissement, moins de 0,4 % des 2 532 311 habitants de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, sont raccordés au réseau d'assainissement de la ville. Pour la santé et le bien-être des citoyens, cette situation doit changer et ce avec l'engagement de la commune.
La semaine dernière, 30 acteurs clés de la municipalité dont le Maire de Ouagadougou Armand Beouinde et son Premier Adjoint, Moussa Belem, des représentants de l'Office National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA), des ministères de la Santé et de l'Environnement, des acteurs du secteur privé, des organisations de la société civile et des représentants des médias ont participé à un atelier d'élaboration du plan communal d'assainissement de la commune de Ouagadougou. Cet atelier a marqué une étape clé dans le processus de d'amélioration des conditions d'accès à l'assainissement des populations. La municipalité a saisi l'occasion pour réaffirmer son engagement à garantir l'accès à l'eau potable et à des toilettes adaptées, en reconnaissant les droits constitutionnels de ses citoyens à des services d'assainissement adéquats.
Au niveau régional, les défis liés au faible financement et au manque de ressources persistent, malgré cela les plus démunis et les plus vulnérables de la société ne doivent pas être laissés pour compte. Il est impératif que chacun - à tous les niveaux de la communauté - ait accès à des services d'assainissement adéquats ainsi qu'à l'eau potable. Nous exhortons les autorités locales à investir dans la gestion des boues de vidange et à prendre des initiatives visant à améliorer l'accès à l'assainissement. Nous appelons les autres municipalités à s'inspirer de l'engagement de la ville de Ouagadougou pour améliorer les conditions d'assainissement des populations.
Par Aïda Kabo, Chargée de programmes chez Speak Up Africa